The body, like a blank page, exists between two states: that of waiting and that of transformation. It is not yet a written body, not yet a fixed story. It is a blank surface, a palimpsest, where the marks left by the outside world overlap without ever completely merging. This female body, oscillating between the gestures of ordinary life and the marks imposed by a society that shapes it, is suspended in this precise moment: a moment where it seeks to speak before writing encircles it.
In this project, I wondered what the prelude to The Coming to Writing would have been, before the body, according to Cixous, coming to writing: what lies hidden in the shadow of this primordial gesture where the body is about to speak before language inhabits it? It is this passage, this suspended breath, that interests me. The writing of the body is not yet here, it seeks, hesitates, hides, and reveals itself all at once.
The image of the body—veiling, violence, embellishment, degradation—becomes a gesture in itself, an act suspended between what is said and what will never be said. The body is not a text to be deciphered, but a surface that resists attempts to define it. The voice that accompanies it, soft, almost absurd, reveals nothing more than a string of words floating aimlessly. It grabs attention but explains nothing. It is like a word lost in the air, an echo that leaves us in uncertainty, much like these gestures that have yet to gain meaning. A sort of endless repetition that questions us but does not provide an answer.
At every stage of my life, I’ve seen my own body stolen and then given back by beliefs, cultures, and systems. There’s always been this floating feeling: between who I am, what is expected of me, and what I could become. This project arises from the desire to explore this “body of origin,” before words, categories, or too-tight narratives fix it. It’s not about finding a truth, but opening a crack, exploring what remains to be said before societal writing takes control of this body. It’s an opening, a gesture before writing, an invitation to feel before understanding.
“About” is not an answer, but a question. A question that arises from this silence, this suspended gesture, this waiting. The work has no conclusion, it simply unfolds in space, like a body that still hesitates to write itself. And perhaps, in this hesitation, lies the space where the truth of the body hides before it is interpreted, analyzed, or reduced to a role. The body, in the end, is neither the one it is imposed to be nor the one it is desired to be. It is what remains before anything is said.
French Bellow
Le corps, comme une page vierge, se trouve entre deux états : celui de l’attente et celui de la transformation. Ce n’est pas encore un corps écrit, pas encore une histoire figée. C’est une surface vierge, un palimpseste, où les traces laissées par l’extérieur se superposent sans jamais se fondre complètement. Ce corps féminin, qui oscille entre les gestes d’une vie ordinaire et les marques imposées par une société qui le façonne, est suspendu à ce moment précis : un instant où il cherche à se dire avant que l’écriture ne vienne l’encercler.
Dans ce projet, je me suis demandée ce qu’aurait été le préambule de La Venue à l’écriture, avant que le corps, selon Cixous, ne devienne « écriture » : qu’est-ce qui se cache dans l’ombre de ce geste primordial où le corps s’apprête à prendre la parole, avant même que le langage ne vienne l’habiter ? C’est ce passage, ce souffle suspendu, qui m’intéresse. L'écriture du corps n'est pas encore là, il cherche, hésite, se cache et se révèle à la fois.
L’image du corps – le voilement, la violence, l’embellissement, la dégradation – devient un geste en soi, un acte suspendu entre ce qui est dit et ce qui ne le sera jamais. Le corps n’est pas un texte à déchiffrer, mais une surface qui cherche à résister aux tentatives de le définir. La voix qui l'accompagne, douce, presque absurde, ne révèle rien de plus qu’un enchaînement de mots qui flottent sans but. Elle attire l’attention, mais n’explique rien. Elle est comme une parole qui se perd dans l’air, un écho qui nous laisse dans l’incertitude, comme ces gestes qui n’ont pas encore de sens. Une sorte de répétition sans fin qui nous interroge, mais ne nous répond pas.
À chaque étape de ma vie, j'ai vu mon propre corps être dérobé, puis redonné, par des croyances, des cultures, des systèmes. Il y a toujours eu ce flottement : entre ce que je suis, ce que l’on attend de moi, et ce que je peux devenir. Ce projet naît de ce désir d'explorer ce « corps d'origine », avant qu’il ne soit figé par des mots, des catégories, des récits trop serrés. Il ne s’agit pas ici de trouver une vérité, mais d’ouvrir une brèche, d’explorer ce qui reste à dire avant que l’écriture sociale n’ait pris le contrôle de ce corps. C’est une ouverture, un geste avant l’écriture, une invitation à ressentir avant de comprendre.
"A propos de" n’est pas une réponse, mais une question. Une question qui surgit de ce silence, de ce geste suspendu, de cette attente. L’œuvre n’a pas de conclusion, elle se déploie simplement dans l’espace, à la manière d’un corps qui hésite encore à s’écrire. Et peut-être que, dans cette hésitation, se trouve l’espace où se cache la vérité du corps, avant qu’il ne soit interprété, analysé, ou réduit à un rôle. Le corps, en fin de compte, n’est ni celui qu’on lui impose, ni celui qu’on voudrait qu’il soit. Il est ce qui reste avant que tout soit dit.